Depuis une dizaine d’années est décrit un cancer spécifiquement lié aux implants mammaires, le lymphome anaplasique à grandes cellule (LAGC). Ce cancer se localise habituellement à la capsule ou au liquide péri-prothétique mais peut rarement métastaser à l’ensemble de l’organisme. Ce type de cancer a aussi été décrit sur implant tibial, implant dentaire, bandelette gastrique et implant de fesse.
Les signes cliniques les plus habituels de ces LAGC mammaires sont des épanchements péri-prothétiques avec augmentation de volume du sein (sérome). Il peut également s’agir de douleurs, de rougeurs du sein, de la perception d’une masse ou d’adénopathies axillaires.
Le traitement consiste en l’ablation de la prothèse ET de l’entièreté de la capsule péri-prothétique. Un traitement complémentaire associant radiothérapie et chimiothérapie est parfois nécessaire.
Comme bon nombre de cancer il apparait que le facteur déclenchant est une inflammation chronique et c’est la raison pour laquelle certaines texturations agressives type Biocell° du laboratoire Allergan° sont surreprésentées. Cette texturation a pour effet de fixer l’implant (« effet velcro ») ce qui est intéressant lors de la mise en place de prothèses anatomiques. D’autres facteurs pro-inflammatoires tels les biofilms sont très probables. Ces biofilms, gel bactérien entourant l’implant, correspondent à une infection infra-clinique de la loge prothétique. Cette infection à « bas-bruit » est source d’inflammation chronique. Il s’agit aussi de l’un des facteurs majeurs des complications à type de coque ou sein dur. Bien entendu on ne peut éliminer d’autres facteurs tels qu’une prédisposition génétique ou un mode de vie délétère pro-inflammatoire. Il s’agit donc d’une pathologie liée à la prothèse mais multifactorielle.
En France, à ce jour, 54 cas ont été relevés depuis 2009 avec trois décès imputables au lymphome. Dans le monde 626 cas dont 17 décès sont rapportés.
Compte tenu du nombre de femmes porteuses de prothèses mammaires les risques de développer un LAGC ont été estimés à 1/2200 à 1/4500 pour les implants macrotexturés et 1/50000 à 1/80000 pour les implants microtexturés. Ceci est a rapporter, en France, aux 54 000 cas annuels de cancers classiques du sein (dont 12 000 décès). En effet, statistiquement une femme sur huit fait ou fera un cancer du sein…
Compte tenu ces chiffres les sociétés savantes et gouvernementales déconseillent l’explantation systématique des implants mammaires macrotextués en particulier, et proposent un suivi annuel des patientes par leur chirurgien, gynécologue ou médecin traitant. En ce qui nous concerne nous prescrivons déjà depuis quelques années une échographie de contrôle des prothèses tous les 3 à 4 ans. Toute anomalie qu’il s’agisse de modifications de taille, d’aspect ou de consistance d’un sein implanté doit bien entendu amener à consulter.
L’augmentation mammaire, qu’elle soit reconstructrice ou esthétique participe grandement au bien-être et au mieux-être de nos patientes. Le bénéfice risque nous parait donc hautement positif. Quoiqu’il en soit nous pensons que l’implant mammaire lisse doit maintenant devenir la règle et qu’un suivi au long cours est indispensable.