Pour rassurer nos patientes nous souhaitons tout d’abord préciser que nous n’avons jamais utilisé cette marque de prothèses mammaires.
La malfaçon des implants PIP concerne d’une part le gel de silicone qui semble ne pas être à usage médical, et d’autre part l’enveloppe des implants, non conforme elle aussi, occasionnant un taux de rupture particulièrement élevé à court et moyen terme.
Vu le développement médiatique exceptionnel pris par le scandale sanitaire des implants PIP (Poly Implants Prothèses) il nous apparait utile d’apporter quelques précisions.
Les implants mammaires, à priori, n’augmentent pas les risques de cancer du sein. Seul le lymphome anaplasique à grandes cellules semble peut-être lié, parfois, aux prothèses mammaires. 75 cas mondiaux sont répertoriés sur plus de 10 millions de patientes implantées. 5 décès sont rapportés. Un seul cas est noté en France. La patiente avait un implant PIP et est décédée en novembre 2011. Le cancer du sein classique (carcinome) intéresse ou intéressera en France une femme sur dix (1/8 en Rhône-Alpes) et il n’est donc pas anormal que ce cancer existe aussi chez des femmes implantées. On pourrait aussi bien penser que les causes de cancer en général étant en grande partie liées au mode de vie (alimentation, activité physique), les femmes porteuses de prothèses, plus minces, probablement plus attentives à leur silhouette et mieux suivies médicalement soient davantage protégées ! 15 cas de carcinomes mammaires sont actuellement rapportés sur les 30 000 femmes porteuses d’implants PIP en France.
Un implant mammaire s’use et il est normal qu’au terme d’une douzaine d’années le changement soit envisagé. En cas de rupture, il arrive que le gel (d’autant plus qu’il est liquide et « non médical ») entraine des réactions inflammatoires locorégionales (siliconomes glandulaires ou ganglionnaires) qui sont certainement nocives à terme et compliquent singulièrement la reprise chirurgicale.
En somme un implant mammaire doit être surveillé régulièrement (un assouplissement ou un durcissement inhabituel du sein doit alerter la patiente), changé au plus tard à 15 ans (même si certaines prothèses restent en très bon état) et être remplacé en cas de rupture.
Concernant les femmes porteuses de prothèse PIP la recommandation de changement des implants rompus ou non, parait logique. Pour les patientes esthétiques (quand il ne s’agit pas d’une reconstruction mammaire suite à un cancer, une malformation ou une hypoplasie mammaire majeure) la dépose de l’implant est prise en charge par l’Assurance Maladie. La remise en place d’une nouvelle prothèse reste, par contre, à la charge du patient.
Avec l’affaire PIP nous avons un bel imbroglio et l’on peut lire tout et n’importe quoi ! Certains veulent faire payer les « riches » chirurgiens qui sont tous des voleurs, c’est bien connu, d’autres prétendent que c’est bien fait pour ces femmes de « mauvaise vie » qui se sont fait implanter, l’Affsaps, dans ses petits souliers après l’affaire Médiator, semble conseiller aux patientes (sur son numéro vert PIP) de porter plainte contre leur chirurgien, etc…
Un coupable est certain, c’est la société PIP et son fondateur, M. JC MAS. Malheureusement la société est en liquidation judiciaire et donc insolvable ! M. MAS répondra donc de ses magouilles « capitalistiques » (comme le dit sont avocat) devant une cours pénale.
Concernant les chirurgiens il me parait difficile de les attaquer. Nous sommes sensés pouvoir utiliser en toute bonne foi un produit implantable aux normes CE ! Certains confrères les ont implantés sur des proches ! Plus de 3000 prothèses PIP ont été posés par les centres de lutte contre le cancer (CLCC) que l’on ne peut pas accusés de cupidité. Certains confrères ont d’ailleurs signalé un taux de rupture anormalement élevé dès 2008.
Les autres intéressés de ce scandale sont l’AFSSAPS (donc l’Etat) qui gère la législation des dispositifs implantables et la société TÜV sensée avoir certifié et validé les prothèses PIP.
Cette affaire qui est mondiale (plus de 300 000 prothèses PIP dans le monde, 30 000 en France) fait bien entendu réagir les différents gouvernements concernés. Pour la France, X. Bertrand propose d’appliquer une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) aux dispositifs médicaux (tous les implants mais aussi les injectables de médecine esthétique come les acides hyaluroniques). Autrement dit ces produits seraient soumis à la législation du médicament qui est beaucoup plus contraignante et dispendieuse que celle du simple marquage CE. AMM ou norme CE? L’important est que les contrôles soient faits et bien faits. L’affaire Médiator qui, pourtant était un médicament, révèle aussi un dysfonctionnement et je constate simplement qu’après enquête de la FDA américaine (équivalent de l’AFFSAPS aux USA) les prothèses PIP ont été interdites aux Etats-Unis dès 2000.